Chaque mois le CDES vous propose dans Jurisport l’expression d’un point de vue sur un sujet d’actualité du secteur du sport !
Pour ce numéro, retrouvez Anne Ladouce, ancienne journaliste et titulaire du M2 DES du CDES Limoges et de l’Université de Limoges (M2 P35).
L’intégration sociale et le club sportif
Les discours qui soulignent l’importance de l’intégration sociale sont à la mode. Ils viennent de partout dans des temps où certains ont avant tout pour objectif de séduire. Mais ils sont trop coutumièrement éphémères et, surtout, ils ne sont que très imparfaitement suivis de réalisations ou de contributions positives effectives ou appropriées et constantes afin de gommer les discriminations qui installent inévitablement dans les territoires -1. Pourtant la recherche de l’égalité et de la fraternité s’imprime dans les consciences de nombreux élus de la République, leur désir est de promouvoir une société apaisée et d’éviter les explosions sociales. À cet effet, ils ont un devoir de vigilance et d’innovations, plus particulièrement en épaulant les initiatives privées depuis longtemps salvatrices ou qui sont en germe. Et dans cette voie, les clubs sportifs sont des terreaux fertiles.
Il y a d’abord une évidence. Ils sont de fait des lieux de mixité sociale -2 : les différences tenant aux origines sociales, aux confessions religieuses, aux genres, s’effacent ou, à tout le moins, s’y atténuent. Davantage encore, il y a dans ceux-ci un accès potentiel des joueurs, jeunes ou moins jeunes, à la citoyenneté et au civisme.
Ainsi pour que l’intégration sociale ne soit pas un leurre, dans une multitude de disciplines sportives, disséminés dans l’hexagone, des clubs sportifs dessinent un projet de club dans lequel la promotion de la citoyenneté et du civisme est une réalité tangible. Les plus structurés et réfléchis s’entourent d’entraîneurs qui sont avant tout des éducateurs. Ils sont rassurants, suscitent la confiance. Ils sont à l’écoute des joueurs et joueuses et de leurs parents tout en interdisant l’immixtion de ces derniers dans l’exercice des tâches éducatives qui sont les leurs. Ces entraîneurs éducateurs ont eux-mêmes, par volonté commune avec leurs dirigeants, suivi des formations théoriques relatives au civisme et à la citoyenneté et des stages de découverte dans des entreprises artisanales, dans les secteurs d’entraides et de loisirs culturels, en vue de fortifier leurs appétences à ces valeurs. Au sein de ces clubs, la transmission de ces principes s’y opère alors spontanément dans des climats de compréhensions et convivialités réciproques. Et puis, en continuité, les dirigeants de ces associations sportives s’investissent habituellement dans des « forums emplois » qu’ils initient en lien avec des entrepreneurs locaux avec comme objectif la création d’emplois en faveur de leurs sportifs.
Aussi serait-il, notamment, cohérent et vital, qu’en général dans l’attribution des aides financières et en équipements sportifs, les collectivités territoriales s’engagent concrètement et avec continuité, au-delà des hiérarchies dans les compétitions sportives, à privilégier les activités de ces clubs sportifs solidaires. N’est-il pas, en effet, clair en définitive, qu’ils s’inscrivent dans des missions qui relèvent de la compétence des autorités publiques locales ?
- V. le rapport de K. Olive, Faire nation par le sport – L’insertion des jeunes par le sport dans les quartiers, 2022.
- Sur ce point les instructives remarques de B. Khayat, Du terrain à la citoyenneté : quand le foot s’émancipe, mémoire, ENEP 2016. 14.