EDITO JURISPORT | SEPTEMBRE 2022

par Cynthia Angleraud

Chaque mois le CDES vous propose dans Jurisport l’expression d’un point de vue sur un sujet d’actualité du secteur du sport !

Pour ce numéro, retrouvez Anne Ladouce, ancienne journaliste et titulaire du M2 DES du CDES Limoges et de l’Université de Limoges (M2 P35).

Le sport et l'école

Enfin ! Chouette, ma fille entre en sixième !

Oui, enfin, elle va faire du sport.

Jusque-là, ses maîtres et maîtresses de la banlieue parisienne avaient souvent oublié la matière sportive dans leur programme. Heureusement qu’elle était licenciée en club, sinon elle n’aurait pas fait beau­coup travailler ses muscles du CP au CM2. Un comble quand la France accueillera, pour la première fois depuis 100 ans, les Jeux olympiques d’été à Paris en 2024. Un paradoxe quand on sait qu’il est urgent de lutter contre la sédentarité de nos chères têtes blondes, trop collées aux écrans.

À son âge, j’avais un cours d’éducation physique et sportive (EPS) chaque semaine dans mon école de province. On faisait de l’athlétisme et on apprenait les bases du ciseau pour ne pas se faire mal aux fesses à la réception d’un saut en hauteur dans le bac à sable ; on dribblait son copain au basket… Grâce à ma prof, j’ai ensuite mis le pied (plutôt les deux) en club.

Pourquoi si peu d’intérêt pour la res sportiva, pensez-vous ? Certains profs, nouveaux venus dans son école primaire, nous expliquaient qu’ils devaient prendre leurs repères et préféraient ainsi se consacrer aux matières dites essentielles. D’autres, pas très « sport », étaient bien contents de compter sur les anima­teurs de la ville, qui, chaque année, ouvraient une dizaine de séances par classe. D’autres estimaient aussi que la récréation avait été assez longue ou encore que les élèves n’avaient pas été assez sages. Et bam ! En guise de punition on zappe le sport. Les programmes prévoient pourtant trois heures par semaine en primaire.

Je me dis que, si ma fille avait été scolarisée de l’autre côté du périphérique, elle aurait transpiré davan­tage. En effet, chaque petit Parisien a un professeur d’EPS puisque la ville en recrute régulièrement par concours.

Je me dis aussi qu’à un an près, elle aurait pu bénéficier des 30 minutes d’activité physique quotidienne (les 30’APQ) lancées en cette rentrée pour les six millions d’élèves du primaire.

Mais annoncée en juin dernier par le président Emmanuel Macron, cette mesure, précisée en plein coeur de l’été-1, ne fait pas l’unanimité chez nombre de syndicats enseignants. « Un grand flou, né d’une grande précipitation » pour la secrétaire générale du SNUipp-FSU, Guislaine David-2. « Sur le principe, faire de l’activité physique pour lutter contre la sédentarité, c’est super. Mais la méthode n’est pas bonne, ajoute Benoît Hubert le secrétaire national du SNEP-FSU, là, ce qui est proposé c’est du “gigotage” ». C’est vrai que les élèves ne seront pas obligés d’être en tenue sportive durant les 30’APQ.

Voilà, je me dis que je suis sauvée. Ma fille a maintenant quatre heures d’EPS dans son emploi du temps de collégienne. Une prof dédiée qui a sué pour en faire son métier. Mais, tout de même, ce n’est pas sérieux, ce n’est pas à onze ans qu’on commence à bien se (s)porter.

  1. https://bit.ly/3RBCZSe
  2. 30 mn de sport en primaire, le grand flou, Sud-Ouest, 31 août 2022

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