Réalisée pour le compte du ministère des Sports, de la Jeunesse et de Vie associative, cette étude a été réalisée par un consortium composé du CDES, de l’agence Spartner, de Pluricité et de Sport 1.5.
La réalisation de cette étude a été facilitée par la mobilisation des parties prenantes (ministère des Sports, Comité d’organisation des Championnats du monde de ski, acteurs institutionnels locaux) qui ont fourni un certain nombre d’informations nécessaires à l’analyse. Celles-ci ont été complétée par un dispositif de collecte de données auprès de diverses catégories de population : détenteurs de billets, spectateurs sans billet, équipiers, population locale. Concernant cette dernière catégorie, les données ont été collectées par un double dispositif : une enquête sur site effectuée par notre équipe et une enquête en ligne réalisée par nos partenaires de Discurv.
Impact économique
L’impact économique de l’événement a été évalué dans le respect du cadre méthodologique souhaité par le ministère des Sports qui, depuis l’Euro 2016 de football, réalise systématiquement ce type d’étude à l’occasion des grands événements sportifs internationaux organisés en France.
Trois territoires d’analyse avaient été identifiés, conduisant ainsi à réaliser trois études d’impact différentes : le territoire de Savoie Mont-Blanc (départements de Savoie et de Haute-Savoie ; le territoire de la région Auvergne Rhône-Alpes ; le territoire national (France métropolitaine).
Les résultats laissent apparaître un impact économique total de 39,9 M€ pour Savoie Mont-Blanc, de 48,6 M€ pour le territoire régional et de 41,5 M€ pour la France.
Cet impact provient majoritairement des dépenses locales réalisées par le Comité d’organisation des Championnats du monde de ski alpin qui y contribue entre 73% et 78%. La contribution de la Fédération internationale de ski, acteur externe aux trois territoires d’étude, au budget d’organisation a en effet permis d’injecter un montant relativement important (comparativement aux dépenses du Comité d’organisation) au sein des économies locales.
Le solde de l’impact provient des dépenses des visiteurs (détenteurs de billets, spectateurs sans billet, populations accrédités) qui ont été à l’origine de 22% à 27% de l’impact total.
Au-delà de ces seuls effets économiques, l’étude a également permis de démontrer que l’évènement avait eu un effet positif sur l’image et l’attractivité du territoire de Méribel et de Courchevel. Les visiteurs, majoritairement composés de passionnés de ski connaissant déjà ces territoires, ont ainsi massivement indiqué que les Championnats du monde avaient renforcé l’image positive de Méribel et de Courchevel.
En outre, plus des trois quarts (77%) des visiteurs ont indiqué qu’ils avaient profité de leur venue dans le cadre des Championnats du monde de ski alpin pour visiter d’autres sites en Savoie et/ou en Haute-Savoie.
Enfin, les Championnats du monde ont suscité chez les visiteurs étrangers une envie de revenir en France et au sein du territoire de Savoie Mont-Blanc. Si 88% ont indiqué vouloir revenir dans le cadre d’un séjour hivernal, 31% ont également déclaré être intéressé par un séjour hors saison blanche.
Impact social
Si la méthodologie est désormais relativement standardisée sur le volet économique, l’évaluation de l’impact social est en revanche encore en voie de stabilisation. Pour l’évaluer au niveau des Championnats du monde de ski alpin, nous nous sommes ainsi référés au tableau de bord d’indicateurs du ministère des Sports, que nous avons revu et adapté pour tenir compte de la réalité de l’événement.
Parmi les données structurantes de notre étude, nous retenons en premier lieu que les Championnats du monde de ski alpin semblent avoir suscité d’un consensus relativement marqué quant à la qualité de leur organisation, à l’expérience vécue par les visiteurs et aux bénéfices retirés par les équipiers.
Concernant la population locale, si des doutes avaient pu se faire jour en amont et l’événement quant à son impact économique et environnemental, les retours sont eux-aussi globalement positifs. Les habitants de Méribel et de Courchevel évoquent ainsi leur satisfaction d’avoir accueilli l’évènement, leur fierté d’avoir contribué à leur succès et leur intérêt pour le développement de la notoriété des territoires. Des interrogations subsistent cependant concernant l’impact environnemental de ces Championnats du monde de ski alpin, entre critiques relatives à la création de la piste de l’Eclipse, génération de pollution et atteinte à la biodiversité.
Un focus a également été réalisé auprès des 1 300 équipiers. Ceux-ci ont fait part de leur satisfaction d’avoir participé à l’événement et à leur effet positif en termes de développement de compétences et de renforcement de leur employabilité. 70% des équipiers estiment que leur expérience à l’occasion des Championnats du monde constitue une valeur ajoutée à leur CV et 75% qu’ils ont gagné des compétences. Ces effets positifs ressentis sont plus particulièrement développés chez les jeunes de 15-29 ans avec respectivement 92% et 89%.
Au rayon des pistes d’amélioration, notre équipe a souligné la nécessité d’associer davantage la population locale à la gouvernance des évènements, dès la phase d’étude d’une éventuelle candidature, afin de travailler à une meilleure prise en compte des enjeux locaux et à l’optimisation des effets produits.
Impact environnemental
L’étude compote enfin une analyse de l’impact environnemental des Championnats du monde de ski alpin. Celui-ci a été analysé à travers trois domaines : le bilan des émissions de gaz à effet de serre (BEGES), l’évaluation des initiatives du Comité d’organisation en faveur de la réduction de l’empreinte environnementale et une analyse de la capacité d’adaptation au changement climatique de la part des parties prenantes.
Le BEGES s’élève à 11 310 tonnes équivalent CO2 dont la plus grande partie provient des transports (73%). L’évènement a également induit une consommation importante de ressources naturelles (notamment 198 000 m3 d’eau) et d’énergie (1 688 MWh d’électricité dont 1 236 pour la piste seule et 173 429 litres de gazole non routier). En outre, l’évènement a généré 62,45 tonnes de déchets, soit 2,5kg par visiteur unique).
Ces résultats ont été optimisés par la mise en place de nombreuses mesures de la part du Comité d’organisation à travers un important programme RSE. Un plan transport a ainsi été bâti pour privilégier les mobilités douces et/ou durables (62% des déplacements des spectateurs), des critères RSE ont été mis en place concernant les achats (65% des achats ont été concernés) et des mesures visant à réduire la consommation d’énergie. Ainsi, les émissions de GES ont été réduites de 34% par rapport aux estimations ex-ante et 950 tonnes de CO2 ont été évitées grâce au raccordement au réseau électrique.
Concernant la capacité d’adaptation au changement climatique, celle-ci semble s’avérer limitée. Il semble en effet subsister une forme de déconnexion entre les aléas climatiques et ceux affectant l’attractivité et l’acceptabilité des spectateurs.
L’étude est à retrouver en téléchargement ici :