ACTU | ÉCONOMIE : « One Vision », un nouveau plan stratégique pour l’ATP

par Gallot

« It represents a true step change for our game. » C’est par ces mots qu’Andrea Gaudenzi, l’actuel président de l’Association of Tennis Professionals (ATP), a présenté le nouveau plan stratégique « One Vision » que développera l’ATP Tour à partir de janvier 2023. S’appuyant sur le déploiement de deux phases distinctes, l’ATP entend diversifier ses revenus tout en incluant plus efficacement les parties impli­quées de près ou de loin au sujet du tennis (fans, joueurs, sponsors, organisateurs, etc.). En ce sens, le processus de concertation mis en place, associant le comité de direction de l’ATP, le syndicat des joueurs et des experts de l’industrie médiatique apparaît déjà comme un exemple de concertation.

Deux phases de concertation

La première phase stratégique, dont les actions seront mises en place dès janvier 2023, promeut plusieurs axes d’amé­lioration visant in fine la réduction de la dépendance économique à la présence des spectateurs dans les tournois affiliés ATP. En ce sens, l’organisation a fait le choix d’allonger la durée à 12 jours de ses prin­cipaux tournois (Madrid, Miami, Rome, Shanghai…) en autorisant l’accueil d’un nombre plus important de participants et permettant donc un accroissement de l’ordre de 35 % du prize money dédié aux joueurs. En parallèle, il a également été fait le choix de miser sur la data innova­tion et sur la mise en place de négociations plus efficaces en ce qui concerne la vente des droits télévisés des plus grands tournois ATP. Le but demeure de parvenir à faire en sorte que ces tournois soient au moins aussi bien considérés que les quatre tournois du Grand Chelem – non directement gérés par l’ATP. La seconde phase – qui n’a pas débuté – s’attaquera à un chantier encore plus complexe : l’unification de tout le tennis masculin autour d’une structure de gouvernance unifiée. Une autre manière donc de tenter de ramener Roland-Garros, Wimbledon, l’US Open et l’Australian Open dans le giron de l’ATP tout en délé­gitimant les tournois annexes ou exhibitions que peuvent représenter la Laver Cup, par exemple.

Les conséquences pour les fans et les joueurs

Les fans sont désignés comme principaux destinataires des effets de cette évolution. Ils sont censés pouvoir bénéficier d’une meil­leure fan experience via l’apport des analyses de données, mais également de tournois plus attractifs tout en ayant un accès privilégié aux coulisses du circuit – une série Netflix à l’image de ce qui a été fait pour la Formule 1 est ainsi en préparation. Enfin, les joueurs sont bien évidemment concernés par le plan stratégique puisqu’ils bénéficieront dès janvier 2023, d’une transparence complète sur la gestion financière des tournois d’une part, mais également d’une garantie de distri­bution 50/50 des revenus liés aux tournois d’autre part. De plus, au-delà de ces prize money accrus, les joueurs profiteront égale­ment d’un bonus annuel étendu à 30 joueurs au lieu de 18 tandis qu’un mécanisme de partage des profits améliorés profitera désor­mais à 140 joueurs.

Pourquoi ces évolutions ?

Cette réflexion stratégique initiée depuis plus de deux ans s’inscrit dans un contexte particulier qui force aujourd’hui l’ATP à faire évoluer son rapport au marché de l’entertainment. Andrea Gaudenzi, dans un contexte post-covid qui a été marqué par une chute des recettes spectateurs liées à la fréquentation des tournois, aborde claire­ment le sujet des revenus durables par oppo­sition aux revenus aléatoires que peuvent représenter les ventes de billets. Néanmoins, cette évolution semble quelque peu contrainte par le renouvellement généra­tionnel des joueurs – in fine « produits » principaux de marketing des tournois ATP – qui pose quelques contraintes de développe­ment à un sport qui va progressivement voir disparaître Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic. Tout l’enjeu se situe donc dans le fait de recréer de nouvelles manières de promouvoir le tennis via la mise en avant de nouveaux champions (la sollicitation de Netflix va en ce sens) ou même, à terme, de nouvelles règles de jeu (comme celles qui sont testées tous les ans à la Next Gen). Si le projet stratégique de l’ATP semble promet­teur, il reste maintenant à voir comment il va s’articuler au milieu d’une offre de diver­tissement sportif toujours plus grande et concurrentielle.

Florent BERGMANN

[https://onevision.atptour.com]

A lire également

Le CDES utilise des données non sensibles comme des cookies ou des identifiants électroniques pour mesurer le nombre de visiteurs ou encore adapter le contenu. J'accepte En savoir plus