ACTU | ÉCONOMIE : LES TENDANCES DU PIRATAGE AUDIOVISUEL ET SPORTIF

par Gallot

En décembre 2020, Hadopi (Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet) a publié une étude réalisée par le cabinet de conseil PMP, issue d’un questionnaire Médiamétrie de janvier 2020 et portant sur l’impact économique de la consommation illicite en ligne de contenus audiovisuels et de retransmissions d’événements sportifs.

L’écosystème de la diffusion sportive

En premier lieu, l’étude s’attache à présenter le secteur sport et les liens financiers entre les différents acteurs. Il ressort de cette analyse que la répartition de la valeur des droits sportifs télévisés se fait entre 4 principaux acteurs: l’État (5% de la valeur), les ligues (2%), le sport amateur (7%) et les clubs professionnels (85%). En second lieu, le rapport souligne la hausse du montant total des ventes de droits de diffusion : +58% entre la saison 2015-2016 et la saison 2018-2019. L’étude table également sur une augmentation d’environ 35% des droits de 2018-2019 à 2021-2022. Ces fortes hausses sont tirées par les compétitions « premiums » et en particulier celles de football. Le Top 14 est promis également à une augmentation significative (+31% entre 2018 et 2021), mêmes si les montants sont moindres. En troisième lieu, plusieurs caractéristiques de la diffusion des évènements sportifs sont présentées. Deux points sont ainsi mis en évidence :

  • la diffusion de contenus sportifs est majoritairement concentrée sur la télévision payante : en 2018, on compte 8 781 heures pour la télévision gratuite contre 137 447 heures pour la télévision payante ;
  • la pression concurrentielle crée une offre de plus en plus fragmentée entre les offreurs, en particulier dans le sport. L’étude précise que « le début de la diffusion de la Ligue des champions sur RMC, aboutissant à une offre de football répartie entre trois acteurs s’est accompagné d’une progression de pratiques illicites, la consommation illicite de retransmissions d’événements sportifs ayant augmenté de 65%».

Les usages de la consommation illicite

Après cette analyse de l’écosystème de la diffusion sportive, l’étude décrit les pratiques et usages de la consommation
illicite des contenus audiovisuels et sportifs. La consommation illicite se stabilise mais augmente dans le sport. Parmi les consommateurs illicites, 1 sur 2 consomme du sport. Autre constat, la consommation illicite se « professionnalise » autour de deux modèles économiques: la publicité (notamment pour le streaming) et les abonnements (notamment pour l’IPTV, en forte augmentation). En outre, on observe, de manière contre-intuitive, que les consommations légales et illicites s’hybrident et que la consommation illicite est en réalité un complément, et non un substitut, à la consommation légale. Ainsi, parmi les consommateurs illicites de contenus audiovisuels 69% sont abonnés à Canal+, et 50% sont abonnés à BeIN Sports. Malgré tout, si les consommateurs ont bien souvent accès à des offres légales, c’est bien le prix (par abonnement ou à l’unité) qui est la principale motivation à la consommation illicite.

L’impact économique du piratage

In fine, l’étude calcule un manque à gagner dû au piratage des contenus audiovisuels et sportifs de l’ordre d’un milliard d’euros. Pour le secteur sport en particulier, le manque à gagner économique serait de l’ordre de 100 millions d’euros (décomposés entre 80% de manque à gagner sur les chaînes à abonnement et 20% sur la billetterie mais l’étude pointe un certain nombre de limites qui laissent penser que ce manque à gagner pourrait être bien plus important. En définitive, les tendances semblent montrer que la diffusion de contenus sportifs a besoin de retrouver de la simplicité et
de la rationalité. Le morcellement de l’offre (entre 3 à 4 diffuseurs) et les prix pratiqués par les diffuseurs poussent de plus en plus de consommateurs à se tourner vers des offres illicites jugées plus simples, plus complètes et moins coûteuses, que cela soit en substitut ou en complément des offres légales. 

Maxence FRANCESCHI

www.hadopi.fr

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