La stratégie du gouvernement sur la sobriété s’affine. À l’issue de la consultation de différents groupes de travail (v. JS 2022, no 233, p. 10), deux plans de sobriété successifs ont été exposés en octobre, pour commencer à répondre à « l’un des défis du siècle » selon la formule d’Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques. Si une première communication générale détaille les engagements communs et les grandes propositions pour chaque secteur d’activité, un second plan a été diffusé par le ministère pour détailler des initiatives sportives, et fixer le calendrier.
40 mesures de sobriété
Trois mesures phares ont été présentées en amont pour le secteur, regroupées sous la thématique « Sport et Culture » : réduction du temps d’éclairage des stades de plein air en journée (-50 %) et en soirée (-30 %), a minima, avec possibilité de réduire encore plus en cas d’éclairage LED, et d’aller jusqu’à la non-utilisation des éclairages si les conditions météorologiques sont favorables :
- engagement de baisse de 2°C du chauffage des gymnases dans les 15 000 gymnases du réseau ANDES (Association nationale des élus en charge du sport);
- incitation à la baisse de 1°C de la température des piscines, pour les gestionnaires publics ou privés.
Ces trois initiatives principales sont complétées par trente-sept autres mesures, répertoriées dans le « Plan Sport », et organisées autour de dix domaines. L’effort majeur de « sobriété » portera sur le chauffage (43 % de la consommation énergétique du secteur, quatre mesures), l’éclairage (18 %, trois mesures) et les usages (quatre mesures), tandis que « l’efficacité » énergétique, notamment dans l’isolation des bâtiments, sera accompagnée financièrement, et détaillée dans quatre mesures. La mobilité, enjeu majeur pour réduire l’empreinte carbone, la formation des acteurs de la filière, et le levier communication propre au sport sont ensuite détaillés (avec respectivement six, cinq et trois mesures). Les piscines et les JOP sont abordés enfin de manière particulière en raison de leurs spécificités.
Dernier point d’importance : l’appropriation par tous du concept Écowatt rouge, et la montée au maximum des curseurs lorsque la tension énergétique sera trop forte.
Activation en deux périodes
Ces mesures peuvent permettre aux acteurs et gestionnaires de site de rentrer dans une démarche de « sobriété », définie comme « un concept simple : des économies choisies plutôt que des coupures subies » (Élisabeth Borne). Il convient de noter une double temporalité à la mise en action des mesures. Vingt mesures doivent se mettre en place dès cet hiver, pour contribuer au plan de sauvetage immédiat pour éviter toute pénurie d’énergie (conséquence des restrictions russes), alors que l’autre moitié des initiatives prendra place en 2023/2024. Le leadership de chaque mesure a, par ailleurs, été associé à un acteur identifié, qu’il s’agisse du sport professionnel, de l’État, du mouvement sportif, ou des collectivités territoriales, quand les quatre ne sont pas concernés de concert. La proximité de l’hiver va donner une première tendance dans l’appropriation de ce plan de sobriété, à date non coercitif, et lancer, même de manière subie, le monde sportif dans la voie d’une société décarbonée, consciente de l’utopie d’une croissance infinie dans un monde aux ressources naturelles limitées.
Guillaume GOUZE
[https://www.sports.gouv.fr]