Depuis l’annonce de la volonté de Mediapro de renégocier son contrat avec la Ligue de football professionnel (LFP), le feuilleton des droits audiovisuels du football a régulièrement animé les dernières semaines. Ce dernier s’est achevé début février par un accord entre Canal+ et la LFP courant jusqu’à la fin de saison 2020-2021.
Décembre 2020 : accord LFP-Mediapro
La galette à peine avalée, Maxime Saada jette un pavé dans la mare au cours d’un entretien accordé au Figaro : Canal+ n’entend pas conserver le lot 3 (comprenant 2 rencontres de L1) acquis à prix coûtant (332millions d’euros) auprès de beIN Sports dans le cadre d’un accord de sous-licence. Principal argument avancé par le président du directoire du groupe Canal+: une valeur surévaluée de ce lot, acquis par beIN Sports en 2018 dans un contexte de concurrence féroce et face au «comportement irrationnel de Mediapro» ayant contribué à ce que les offres «s’envolent artificiellement». Canal+ estime en outre que le code du sport oblige la LFP à procéder à un nouvel appel d’offres intégral, incluant le lot 3 et comprenant les 10 rencontres de Ligue1… Une requête à laquelle cette dernière n’accèdera finalement pas, lançant une consultation partielle fin janvier. Celle-ci est cependant déclarée infructueuse, malgré des offres d’Amazon, DAZN et Discovery… Longtemps attendus, les GAFA arrivent enfin mais, dans un contexte d’urgence et incertain sur le plan juridique (Canal+ ayant intenté deux procédures devant le Tribunal de commerce de Paris et l’Autorité de la concurrence), à des niveaux a priori trop faibles…
Février 2021: la remontada de Canal+
La LFP indique alors se donner un délai de 48heures afin de décider de la conduite à tenir: relancer une consultation intégrale ou passer à des négociations de gré à gré… une possibilité que Canal+ lui conteste à nouveau ! Dans cet intervalle, les deux acteurs scellent un accord concernant les droits du classico OM-PSG, approchant à grands pas et menacé d’écran noir. Avant d’annoncer, dès le lendemain, avoir trouvé un accord global pour la fin de saison 2020- 2021. Canal+ récupère l’intégralité de la L1 et 8 rencontres de L2 en acceptant de s’acquitter du montant prévu pour le lot 3 de l’appel d’offres 2018 auxquels s’ajouteraient 35millions d’euros supplémentaires.
Une sacrée remontada pour un groupe que beaucoup disaient moribond en mai 2018 et qui a depuis récupéré les droits de la Premier League, la Champions League et donc l’exclusivité de la L1 !
759 millions d’euros et maintenant ?
En intégrant les montants déjà perçus sur les autres droits (y compris internationaux) et les versements initiaux de Mediapro, la LFP récupère 759,1 millions d’euros… Si cet accord offre de la visibilité, il est bien loin de la somme qu’auraient dû toucher les clubs sans la défaillance de Mediapro (1,2 milliard d’euros). Il ne lève donc pas toutes les craintes pesant sur l’économie des clubs, d’autant que certains prêts (le PGE du printemps et celui souscrit auprès de J.P. Morgan en octobre) doivent débuter au premier semestre. Qui plus est, n’étant signé que pour la fin de saison, une question se pose : la LFP relancera-t-elle au printemps une consultation intégrale taillée pour aiguiser l’appétit d’Amazon ou passera-t-elle par le biais de négociations de gré à gré pour les trois années restant au cycle 2020-2024 ?
Autre sujet : malgré cet accord, Canal+ maintiendrait ses recours contre la LFP.
Autant d’affaires à suivre dans les prochaines semaines…