Depuis désormais deux ans, l’observatoire du sport de la BPCE a pris l’habitude de publier une étude annuelle sur la filière sport. Après une première analyse sur l’économie de la filière et deux autres davantage consacrées aux conséquences de la crise sanitaire et au rebond, les auteurs ont publié une analyse sur la relation entre les collectivités territoriales et le sport.
Les collectivités, poids lourd du financement du sport
L’étude met en évidence le fait que les collectivités territoriales consacrent chaque année environ 12,5 milliards d’euros. Cela représente ainsi environ 60 % du total des soutiens publics en faveur du sport évalués à 19 milliards d’euros (hors dépenses de la Sécurité sociale). Ces 12,5 milliards d’euros intègrent plusieurs éléments : les dépenses sportives identifiées comme telles (6,1 milliards d’euros), les services communs au sport (0,7 milliard d’euros), les dépenses sportives des communes de moins de 3 500 habitants (1 milliard d’euros), les subventions aux associations sportives non enregistrées (1,4 milliard d’euros) et les dépenses sportives non comptabilisées dans le sport (3 à 3,5 milliards d’euros). Elles excluent en revanche l’exonération totale ou partielle de loyers dont bénéficient les acteurs sportifs. Dans le détail, venant confirmer les données de la dépense sportive nationale publiée par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP), les communes sont les premières contributrices avec un total de 8 milliards d’euros.
Cet engagement représenterait ainsi le deuxième poste de dépenses des communes derrière l’enseignement. Les intercommunalités viennent ensuite avec un niveau de dépenses de 3,1 milliards d’euros, ce qui fait du sport le 4e poste de dépenses derrière la voirie, la gestion des déchets et la propreté, et les aménagements et services urbains.
Enfin, les départements (0,8 milliard d’euros) et les régions (0,6 milliard d’euros) complètent l’ensemble, soit respective- ment les 15e et 18e postes de dépenses des deux échelons territoriaux. En moyenne, communes et intercommunalités dépense- raient ainsi 90 euros par habitant au titre du sport avec toutefois d’importantes disparités territoriales.
Des dépenses variant du simple au triple selon les départements
Les territoires alpins ou, plus largement, de tourisme sportif (Massif Central, Auvergne, Jura mais hors Pyrénées) sont les plus dépensiers. À l’inverse et sans surprise, les départements (très) ruraux sont plus économes dans leurs dépenses sportives, tout comme le sont les trois métropoles régionales (Marseille, Lyon et Toulouse).
Sur le plan des équipements sportifs, l’étude souligne également l’existence de disparités, que cela soit en termes de dépenses très hétérogènes ou de diversité d’équipements. Sur les équipements, en croisant le niveau de dépenses et le nombre et la qualité des équipements, six catégories de territoires – filant la métaphore cycliste – sont ainsi identifiées :
- les leaders (Alpes et Grand Ouest) qui « cumulent un niveau d’équipement, de dépense et d’investissement élevés » ;
- les poursuivants (aires de densité faibles à moyennes) qui font le choix de la « densité d’installations, mais de taille et de coût réduit, pour limiter la dépense totale et moyenne » ;
- les associatifs (départements ruraux) qui disposent d’une faible diversité d’installation mais présentent une dépense « très supérieure à la moyenne » ;
- les élites (Paris et petite couronne, Alpes-Maritimes) qui présentent une « densité d’équipements faible mais une qualité, une taille et une diversité importantes ce qui explique une dépense élevée » ;
- le peloton (Nord, Normandie, Alsace, Rhône, Gironde) qui se situent « dans la moyenne nationale sur presque tous les critères sauf une densité d’équipements en léger retrait » ;
- les spécifiques (Bouches-du-Rhône, Corse, Antilles, Guyane) qui présentent « un investissement limité dans le sport et semblent davantage présents sur de grands équipements au détriment de la densité et de la diversité des installations ».
L’étude conclut sur les grands défis liés à la politique sportive locale regroupés au sein de trois tendances concernant la politique financière d’investissement, la relation avec les associations sportives et la relation avec les entreprises du sport.
Christophe LEPETIT
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