À l’initiative du Limoges CSP, différents acteurs se sont réunis le mercredi 17 mars pour une conférence sur les violences racistes dans le monde du sport.
Organisée en collaboration avec la Ligue des droits de l’homme (LDH) et le Centre de droit et d’économie du sport (CDES), cette journée d’échanges a permis de rassembler athlètes, associations, clubs, Fédération française et Ligue nationale de basket, le tout animé par Jérôme Ostermann, journaliste à France Bleu Limousin, et Cyrille Rougier, chargé d’études économiques au CDES et docteur en sociologie.
L’équipe esport MCES a assuré la retransmission en direct de l’ensemble de la conférence via la plateforme Twitch. Près de 6 000 connexions uniques ont été enregistrées et les débats ont été nourris par les questions posées sur le chat. Au programme : des discussions riches et des pistes de réflexion nombreuses.
Les outils actuels
La conférence s’est ouverte sur la question du rôle des acteurs face au racisme. Malik Salemkour, président de la LDH, et Julien Mondou, juriste au CDES, ont d’abord exposé le cadre juridique en vigueur pour les actes racistes commis en France. Leurs propos ont été complétés par Jean-Pierre Siutat, président de la Fédération française de basketball (FFBB), qui a pu expliquer les actions concrètes conduites au sein de son organisation. Si les actes racistes commis au bord des terrains restent malheureusement souvent impunis, l’ensemble des acteurs sportifs, et en particulier les clubs, doivent être encouragés à les dénoncer pour pouvoir les sanctionner. La parole a ensuite été laissée à plusieurs athlètes qui ont partagé leur expérience : Jerry Boutsiele, Benoît Cheyrou, Olivier Dacourt, Thierry Dusautoir, Laura Georges, Abdeslam Ouaddou et Diandra Tchatchouang. Tous s’accordent sur le fait que l’éducation est le levier le plus efficace pour lutter contre ces formes de discrimination. Certains ont même exprimé leur souhait de rendre obligatoire un service civique pour que les jeunes puissent se rencontrer et ainsi diminuer toutes les formes de violence. Cependant, ils regrettent que la place de l’athlète soit trop souvent limitée à la performance ce qui rend difficile la prise de parole sur ce sujet, d’autant que les conséquences sur la carrière peuvent être importantes. Pour autant, la situation est en train d’évoluer favorablement sur cette prise de position des athlètes
Les outils de demain
L’après-midi était consacré aux outils potentiels pour lutter contre le racisme dans le sport. Didier Primault, directeur général du CDES, a commenté l’intervention de Piara Powar de l’ONG Football Against Racism in Europe (FARE) sur la question de la représentation des personnes issues de minorités aux postes de dirigeants et d’entraîneurs, en s’appuyant sur l’exemple de la Ligue de football nord-américaine (NFL). Son propos a été complété par les fondateurs de l’association Ovale citoyen qui propose gratuitement des séances de sports à tous les publics, notamment aux réfugiés et demandeurs d’asile. Une initiative saluée à la fois dans la salle et parmi les spectateurs du live.
Un dernier temps d’échange s’est déroulé autour des acteurs institutionnels du sport: Jean-Pierre Siutat, président de la FFBB; Mickaël Contreras, directeur juridique de la Ligue nationale de basketball ; Pierre Fargeau, directeur général du Limoges CSP; Julie Campassens et Jesse Delhomme du Syndicat national des basketteurs.
Pour chacun, les pistes de réflexion sur les actions concrètes à mettre en place sont nombreuses. Il a par exemple été évoqué d’inclure dans les formations des arbitres, éducateurs et entraîneurs, des modules sur les discriminations et les violences racistes. L’ensemble des acteurs présents ont tenu à remercier l’initiative du Limoges CSP, car le sujet est encore trop peu abordé en France contrairement à d’autres pays comme les États-Unis. S’engager ouvertement sur cette question, c’est déjà participer à faire évoluer les comportements et les pratiques. Le sport ne peut certes pas influencer l’ensemble de la société, mais il a les moyens de changer les choses puisqu’il est vecteur d’éducation des plus jeunes et bénéficie d’un fort impact médiatique.