ACTU | ÉCONOMIE : Les freins à la pratique sportive analysés

par Gallot

Dans une nouvelle note d’analyse et de synthèse, l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) aborde la question des freins à la pratique sportive. Une étude particulière- ment intéressante pour les acteurs publics et privés de l’offre au moment de penser de nouvelles politiques de développement et d’accessibilité de la pratique.

Des disparités sociales persistantes

En préambule, il convient de préciser que l’étude de l’INJEP se concentre sur les publics peu ou non sportifs, c’est-à-dire les Français ayant peu ou pas pratiqué au cours des douze derniers mois (hors période de confinement). Ceux-ci représentent environ un quart de la population française âgée de 15 ans et plus. En effet, d’après le dernier baromètre des pratiques sportives de l’Institut, 11 % de ces personnes avaient déclaré n’avoir pas du tout pratiqué dans l’année 2020 – « pas même une activité récréative non régulière comme une balade en forêt » – et 14 % avaient déclaré une pratique très réduite avec « une séance d’APS par semaine au plus ». Parmi ces publics peu ou non sportifs, les femmes restent encore majoritaires : elles représentent ainsi 57 % des effectifs des publics peu pratiquants et 63 % des non-pratiquants.

De la même façon, on retrouve également dans cette cohorte des personnes peu ou pas diplômées : 59 % des peu pratiquants et 80 % des non-pratiquants ne disposent d’aucun diplôme ou d’un niveau de diplôme inférieur au baccalauréat alors qu’ils ne sont « que » 47 % chez les pratiquants. Les personnes disposant de conditions de revenus modestes sont également celles qui souffrent le plus d’un déficit de pratique : 16 % des peu pratiquants et 23 % des non-pratiquants déclarent ainsi avoir des conditions de revenus difficiles, contre seulement 10 % chez les pratiquants.

Cinq profils identifiés

Parmi ces publics souffrant d’un déficit de pratique sportive, l’INJEP identifie cinq profils particuliers :

  • les publics présentant une santé fragile (26 % des personnes peu ou non-pratiquantes). Pour ces pratiquants, les principaux motifs pour justifier la faiblesse de leur pratique sont une raison de santé (68 %) et de façon plus accessoire l’exercice d’un métier physiquement éprouvant (36 %). Ces publics souffrent davantage que les autres de problèmes de santé et cumulent par ailleurs des caractéristiques sociodémographiques défavorables à la pratique (âge, niveau de diplôme, niveau de vie) ;
  • les publics rencontrant des difficultés de sociabilité (21 %). Pour ceux-ci, la faiblesse de la pratique s’explique notamment par la peur du regard des autres (24 %), des difficultés à être acceptés par les autres (17 %) ou une mauvaise expérience sportive passée (17 %). L’INJEP souligne que ce groupe ne déclare que peu de freins importants au développement de leur pratique ;
  • les publics cumulant contraintes professionnelles, scolaires ou familiales (20 %) : pour ceux-ci, les contraintes professionnelles ou scolaires (63 %) et familiales (46 %) s’additionnent et viennent impacter leur capa- cité à pratiquer une APS. On y retrouve sans surprise davantage de personnes en couple (74 %) et avec au moins un enfant (64 %) ainsi que des personnes exerçant une profession de cadre ou d’employé (42 %) ;
  • les publics présentant un désintérêt pour le sport (20 %). Parmi eux, on retrouve des personnes se déclarant non intéressées par le sport (54 %), qui lui préfèrent d’autres activités (49 %) ou encore qui déclarent rencontrer des difficultés pour se mettre au sport (42 %) ;
  • les publics déclarant que l’offre sportive est trop onéreuse ou inadaptée (13 %). Parmi ceux-ci, les principales raisons invoquées pour justifier la faiblesse de la pratique sont le coût (48 %), l’éloignement des lieux de pratique (44 %) ou leur inadaptation des lieux de pratique (33 %) et une offre des clubs et associations inadéquates (42 %).

Cette étude s’avèrera probablement très utile pour les décideurs au moment de développer « des politiques circonstanciées » en vue de pouvoir accroître la pratique d’APS et ainsi bénéficier pleine- ment de ses externalités positives, notamment en termes de santé.

Christophe LEPETIT

[https://injep.fr]

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