ACTU | ÉCONOMIE : 2011-2020 : L’HEURE DU BILAN POUR LES TRANSFERTS INTERNATIONAUX

par Gallot

Mis en place en 2010 par la FIFA, le Transfer Matching System (TMS) est devenu, dès l’année suivante, l’instrument obligatoire d’enregistrement des transferts internationaux des joueurs de football. Grâce à cet outil, l’instance mondiale dispose d’une vue exhaustive de l’ensemble des transferts internationaux depuis 2011. Sur la base des données renseignées dans l’outil, la FIFA vient de publier un rapport sur les transferts internationaux réalisés de 2011 à 2020. Partant de la définition d’un transfert international (une migration d’un joueur d’une association membre de la FIFA à une autre), deux éléments de cadrage doivent être présentés. D’une part, si dans le langage courant on parle de transfert presque exclusivement pour les transferts payants, en termes réglementaires, un transfert implique que l’enregistrement du joueur change de club : avec indemnités ou non, en cours de contrat ou non, en prêt (départ ou retour) ou dans le cadre d’un transfert permanent. D’autre part, les transferts domestiques, c’est-à-dire entre deux clubs d’une même association, ne sont pas étudiés. Ainsi, le cas récent de Jack Grealish transféré d’Aston Villa à Manchester City ne fait pas partie des transferts analysés dans ce rapport.

Un marché développé et en croissance

Entre 2011 et 2020, ce sont 133 225 transferts internationaux qui ont été réalisés, impliquant 66 789 joueurs professionnels et 8 264 clubs. Le nombre de transferts (hors retour de prêt) a augmenté de 50% entre 2011 et 2019 (de 11 009 à 16 519). Parmi ceux-ci, la part des transferts avec indemnités est passée de 14,4% à 16,3% sur la même période. L’augmentation du nombre des transferts avec indemnités combinée avec l’augmentation des montants (l’indemnité médiane est passée de 300 000 dollars en 2011 à 379 000 dollars en 2020) implique une forte augmentation du total des sommes dépensées en indemnités: de 2,85 milliards en 2011 à 7,35 milliards de dollars en 2019 (multiplication par 2,6) avant une baisse à 5,63 milliards de dollars en 2020 du fait du covid. Sur les 10 ans considérés, ce sont 48,5 milliards qui ont été dépensés par les clubs en indemnités de transfert.

Un marché mondial mais concentré

Pour analyser la dimension mondiale du marché, deux éléments peuvent être présentés. En premier lieu, on peut s’intéresser à la nationalité des joueurs transférés. Sur le top 30 des nationalités les plus transférées, 17 sont européennes, 5 africaines, 5 sud-américaines, 2 asiatiques et 1 nord-américaine. La première nationalité représentée est, de très loin, la nationalité brésilienne (15 128 transferts) suivie de la nationalité argentine (7 444 transferts). Aussi, l’analyse par club souligne la position dominante des clubs européens dans les routes migratoires. Par exemple, les clubs anglais et italiens sont de gros acheteurs nets de joueurs, les championnats français, portugais et brésiliens sont des « tremplins » et permettent de générer des balances de transfert positives.

Un marché en question

La FIFA tire un triste constat concernant les indemnités de formation puisque le montant total de ces contributions est revenu en 2020 à son niveau de 2011 (38 millions de dollars) après un pic à 68 millions de dollars en 2018. Ces résultats contrastent fortement avec l’évolution du montant des commissions versées aux agents, qui est passé de 131,1 millions de dollars en 2011 à 640,5 millions de dollars en 2019. Sur la décennie, les récompenses de formations (contributions de solidarité et indemnités de formation) ont représenté un total d’environ 700 millions de dollars alors que les commissions d’agents ont atteint 3,5 milliards de dollars. Un état de fait qui a probablement fondé la volonté de la FIFA de bouleverser ces équilibres et de revoir l’ordre des priorités en travaillant activement sur une réforme du marché des transferts.

Maxence FRANCESCHI

[https://www.fifa.com]

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